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En Bref...

  • : Ismaelita
  • : Ismaelle est une marionnette qui ne parle pas. Elle est née en France, mais son coeur est au Pérou... nous sommes donc parties toutes les deux à la rencontre des enfants d'Ayacucho, au coeur des Andes, où la vie reprend après 20 ans de guerre civile.
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D'ici et d'ailleurs

Paris-Pérou, on commence à construire un pont...

Sur cette page, des souvenirs : ceux du premier (2005) et du second (2011) séjour là-bas, principalement des découvertes de la marionnette Ismaëlle auprès des enfants et des populations quechua d'Ayacucho (Andes Centrales), mais aussi une excursion sur la côte Nord, et en Amazonie, sans oublier Cuzco et la vallée du Vilcanota...

Des projets, aussi, puisque je souhaite retourner  à Ayacucho, avec mes marionnettes. L'objectif de cette année :  m'enfoncer un peu plus dans la sierra, si possible vivre cette période dans une communauté andine, et surtout apprendre le quechua. Les choses se dessinent petit à petit, et c'est souvent en partageant les idées avec les amis d'ici et de là-bas que les ébauches prennent forme. J'ai besoin de conseils.

Et puis un peu d'actualité, puisqu'une des conséquences les plus belles de la construction de ce pont, c'est l'intérêt que les uns et les autres prennent pour el Peru en blanc et rouge. Ces derniers mois ont été l'occasion d'échanges très émouvants, autour des photos, des musiques, des témoignages des enfants. Au bout du compte, de tout cela est en train de naître un projet de spectacle qui prendra forme avec des comédiens et musiciens ici, en France, avant de lancer le pont vers l'autre rive.

 

Amigos peruanos,

Ismaela ya les está extrañando. A lo lejos, sigue caminando con ustedes, esperando el regreso. Aquí, la gente sigue pidiendo noticias de ustedes, y pasamos horas contando las miradas, las sonrisas, los silencios que compartimos. 
Había prometido recetas, cuentos, fotos etc... En esta página poco a poco les van a encontrar. 

Hasta pronto, queridos amigos del otro lado del mundo, y  como lo escriben los niños a Ismaela : “con todo cariño, chauuuuuuuuuu... ”

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Playlist Ismaelita

 

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Kusi Chakakuna

logo-ok.jpg

Bientôt ici des nouvelles de l'association Kusi Chakakuna - Les Ponts de Joie (pour la coopération et les échanges d'artistes et d'artisans avec la population d'Ayacucho), qui prend tournure ! Pour être informé de l'avancée du projet, inscrivez-vous dans la rubrique "Nouvelles / Noticias" (juste au-dessus), et nous vous tiendrons au courant.

Pronto les vamos a dar noticias de la asociacion Kusi Chakakuna - Puentes de Alegria, que estamos creando, para que cooperen artistas y artesanos a la vida en las comunidades quechuahablantes de la provincia de Ayacucho (Peru). Para recibirlas, dejen su correo en el cuadro "Nouvelles / Noticias" (encima de esto), se las mandaremos.

Hasta pronto !

11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 17:42

origenes-dossier3.jpg

 

L'ETE DERNIER, à Lima,

quelques jours d'escale chez mon amie Hildy m'avaient permis de voir ses deux dernières créations. Et puis, parce qu'une longue envie de faire quelque chose ensemble nous titille l'une et l'autre, que le temps et la distance ne nous ont pas encore permis de concrétiser, je lui avais laissé une marionnette faite des débris de ma sacoche de toile qui avait rendu l'âme au cours du séjour. Une marionnette rudimentaire, presque un brouillon de marionnette, inachevée, effilochée, un visage de toile froissée, trouée, rugueuse, un peu sale, sur une gaine taillée dans une chute de tissu blanc qui avait servi à la confection du castelet-théâtre d'ombres à Pampa Cangallo. J'avais peu de temps pour fabriquer, et surtout, les presque deux mois passés à Ayacucho m'avaient mise dans un état de fatigue et d'indignation qui faisaient que je ne pouvais pas et n'avais pas envie de fabriquer quelque chose de propre ou de joli. ça ne pouvait être que déchiré.

Nous avions passé quelques heures à découvrir cette marionnette au plateau, avec une longue improvisation silencieuse en corps-castelet. Incroyable Hildy. Elle a une telle disponibilité à ce qui s'offre à elle que c'était magique, ça jouait déjà.

Puis je suis revenue en France.

Dans les mains de Hildy, cette marionnette informe et anonyme est devenue Ushpicha (c'est du quechua, ça pourrait presque se traduire "petites cendres", ou "petite fille des cendres"). Elle m'a écrit depuis qu'elle préparait un nouveau spectacle avec cette marionnette, des feuilles d'arbre, et un kultrun, tambour rituel mapuche sur le quel est peint en général le motif que l'on voit sur le visuel reproduit ci-dessus (représentation des points cardinaux et des saisons), qui lui a été offert il y a quelques mois lors d'un déplacement en terre mapuche (Sud du Chili et de l'Argentine). On voit ci-dessous une photo d'une représentation dans une rue. Le kultrun est posé sur le sol. La marionnette Uspicha est accroché sur le fil à linge cosmique.

 

ushpicha-rosa-397.JPG

 

C'est à la fois amusant et bouleversant de savoir qu'elle parvient à donner vie à ce brouillon, ce fétus inanimé que je lui ai laissé.

Je l'appelle, bientôt, pour qu'elle me raconte. Tout cela m'intrigue, j'aimerais beaucoup aller voir les répétitions !!!

 

Suivre la création du spectacle sur le blog de Masharateatro.

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13 août 2011 6 13 /08 /août /2011 19:10

LORS DE notre excursion à Vischongo, nous avons fait un petit tour en barque au pied des ruines incas. Et là, a eu lieu un de ces chocs des civilisations qu'on peut observer aujourd'hui au Pérou (et qui m'a fait beaucoup rire) : au milieu du lac, à 4.000 m d'altitude, au pied des ruines incas, un téléphone portable sonne... celui de Mama Cipico ! Voir une grand-mère répondre en quechua, dans une barque, à un endroit où en France, aucun téléphone ne capterait, c'est un grand moment. Je me suis même fait rouspéter parce que je riais trop fort et que ça la gênait !

 

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13 août 2011 6 13 /08 /août /2011 17:18

DANS LES ARTICLES précédents, je vous ai parlé de cette chanson caractéristique du district des morochucos (paroles et traduction), et du spectacle de de théâtre d'ombres que nous en avons tiré à Pampa (description du spectacle).

Voici donc les vidéos du spectacle, puis du public, lorsque nous avons repris la chanson tous ensemble...

Captation by Alfredo Mendoza de la Cruz

 

Le spectacle (on ne distingue pas grand chose...) :

 

 

 

Le public qui chante :

 

 

 

NB : pour couper le son de la playlist quand vous visualisez une vidéo sur ce blog, mettez la playlist sur pause...

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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 21:44

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KIKO, Chavo del Ocho et la Chilindrina sont trois personnages d'une série de la télévision péruvienne qui dure depuis des années (des décennies paraît-il ?!).

Ce sont des enfants interprétés par des adultes, dans un style grotesque qui fait penser à la troupe du Splendid. Les enfants adorent.

 

Et quelle ne fut pas ma surprise en les retrouvant dans un sac de marionnettes à doigts, sur le marché d'Ayacucho, au milieu des condors, lamas et autres girafes miniatures !

ça a fait des heureux.

 

 

 

P1010024.JPG

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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 21:22

P1010279bis-copie-1

 

DANS LES TEMPS LIBRES, avec les filles de la maison (Nancy et les soeurs d'Alfredo), nous tricotions, cousions, brodions. Je n'ai malheureusement pas encore pu apprendre à tisser, mais on a beaucoup cousu et brodé !

 

NB : ça aurait aussi pu être avec les garçons, au Pérou les activités de couture, de tricot, de broderie ou de tissage ne sont pas spécifiquement féminines, au contraire. Dans certaines régions, c'est même avant tout une activité masculine.


On a donc, bien sûr, fabriqué une marionnette à gaine qui est restée chez eux, avec ses tresses, ses boucles d'oreilles (indispensable attribut de la féminité andine), et sa ceinture de pompons (la confection d'accessoires avec de petits pompons de couleurs est devenue la grande mode dans ce coin d'Ayacucho ces dernières années ; il n'y en avait pas lors de mon séjour de 2005).

 

Nous n'avons utilisé que des matériaux qu'on pouvait trouver sur place : tissu, fil, laine.

Avec Andy (un petit gars que je voyais dans la rue), nous avons coupé la laine pour les cheveux. Nancy a fabriqué les pompons des boucles d'oreilles et la ceinture, moi j'ai cousu la gaine et brodé le visage.

Les enfants se sont chargés de jouer avec et de lui trouver un nom... aux dernières nouvelles, ils ne sont pas encore tombés d'accord.

 

 

 

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Luli, son petit Brian, et la marionnette made in Pampa

 

Cette marionnette n'a pas encore ses vêtements, il lui faut quelque chose de très coloré... Je verrai ce qu'ils en auront fait lors de mon prochain séjour là-bas...

 

P1010273.JPGConcentration, application... Chut ! Brian brode.

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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 19:14

ON ETAIT PARTIS chercher du bois d'eucalyptus, mais on n'a jamais retrouvé la mamie censée le vendre... Alors on est rentrés bredouilles, mais ça a été l'occasion d'une sacrée grimpette en combi, dans un chemin un peu incertain... Par moment on est même dans le lit du torrent.

Bref, un petit concentré en vidéo des sensations qu'on peut avoir en combi au Pérou, les bruits, le mouvement... il ne manque que l'odeur d'essence. Et puis comme on était dans la combi d'Alfredo, on n'est pas tassés, mais normalement une combi c'est plein de monde et de choses jusque par-dessus le toit !

 

Spéciale dédicace pour Cécile, bien sûr.

 

 

 

 


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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 19:10

REVENUE dans nos contrées haut débit, je peux vous faire partager quelques vidéos prises ces derniers mois.

Ici, à mon arrivée à Ayacucho, une vue sur la ville depuis l'Acuchimay, l'apu (montagne sacrée) de la ville.

Avant il était à l'extérieur de la ville, c'était la campagne. En 2005, il marquait la limite entre le centre et la couronne de colline que les bidonvilles avaient envahies. Aujourd'hui, il est complètement englobé dans la ville, presque au centre...

Son sommet est aménagé en lieu de promenade, avec plusieurs restaurant plus ou moins informels, un mirador, un grand terrain vague où les enfants jouent avec des cerfs-volants (cometas). D'autres enfants sont là pour travailler, vendre quelques pops-corns (canchita) ou sucreries.

Celle qui s'échappe à la fin, c'est Luzmila.

 

 

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 22:47

EN REVENANT à Ayacucho après plusieurs années, j’espérais retrouver certains visages, et savoir ce qu’étaient devenus plusieurs enfants et jeunes que j’avais rencontrés en 2005 et dont j’avais parlé sur ce blog.

  

felipe-e-ismaela-b.jpgFELIPE, qui en 2005 commencait à sortir du « pandillaje » (pandilleros, c’est ainsi qu’on nomme au Pérou les jeunes organisés en bandes pour commettre divers crimes et agressions), s’en sort apparemment très bien. Je n’ai pas réussi à le voir, mais on m’a dit qu’il est maintenant papa, et qu’il a pu terminer une formation et trouver un travail.

 

 

 

 

 

 

 

luis-con-isma-b.jpgLUISITO, malheureusement, ne s’en est pas aussi bien sorti. Luis Rodrigo était élève de la classe de 4o A (équivalent du CM1) de l’école primaire du collège FyA en 2005. Il était particulièrement agité, violent et insolent, mais avait accepté la proposition de sa maîtresse de passer une heure à discuter avec Ismaelle au lieu d’être en classe. Je le connaissait déjà, car il était dans la classe de la petite Liseth, classe avec laquelle j’avais passé l’essentiel de mon temps cette année là.

A l’époque, j’avais surtout eu l’impression que c’était l’occasion, pour la prof, de passer une heure tranquille, et pour Luis, de sécher une heure de classe, mais nous avions donc passé, Luis, Ismaelle et moi, une bonne heure enfermés dans ce qui est maintenant la bibliothèque du collège, à discuter un peu, à se prendre en photo etc. Le gamin était malicieux, je le sentais à la fois me défiant et fuyant, souriant mais secret. La rencontre avait été étrange, à l’époque je n’aurais pas pu dire si un contact avait vraiment été établi, mais Luisito m’avait vraiment intriguée, et marquée. Mais j’avais gardé en tête son beau visage et ses yeux intelligents, et lui avais fait parvenir quelques mois plus tard un petit mot avec les photos que nous avions prises ensemble.

Il faisait partie des gamins que je voulais revoir. Malheureusement, il a suivi le chemin de certains de ses grands frères et rejoint une bande de pandilleros des Olivos. Il y a un an environ, il a été retrouvé dans une rue, assassiné à coups de couteau. Il devait avoir 14 ans.

Mahyli, une maîtresse du collège FyA qui avait réussi à gagner sa confiance, est venue me demander si je me souvenais de lui dès mon arrivée au collège cette année. Il paraît que Luis Rodrigo lui demandait souvent quand Ismaelle allait revenir, et lui disait que ce qu’il aimerait faire, ce serait marionnettiste... Gloups.

 

 

jhoni-con-isma-b.jpgYONI, que ses camarades de 4oA – la même classe que Luisito - appelaient « Piki » (la puce, en quechua), parce qu’il était minuscule (et peut-être aussi parce qu’il sautait dans tous les sens, un peu hyperactif), était un peu mon chouchou. Un petit mec qui m’arrivait à la ceinture, expert en toupie, une espèce de gavroche des Olivos. Il n’est plus au collège, mais apparemment il va bien (ouf). Plusieurs profs m’ont dit qu’elles le croisaient de temps en temps et qu’il venait les saluer.

 

 

 

 

 

 

adios-liseth.jpgCeux qui avaient suivi ce blog en 2005 se souviennent certainement de LISETH, cette petite fille de 4oA morte d’une hémorragie cérébrale provoquée par les coups qu’elle recevait de son papa. C’est malheureusement banal ici. La première « fête » que j’ai vécue au Pérou a été son enterrement. Et accompagner sa classe dans le processus de deuil, ma principale activité cet été-là. Le plus préoccupant était le grand-frère, Jhon, qui lors de l’enterrement ne voulait pas quitter la tombe de sa soeur,  et avait juré qu’il viendrait la voir tous les jours. Ils étaient inséparables. Il a tenu sa promesse. Dans les cimetières ici, plusieurs enfants travaillent pour nettoyer les tombes, porter de l’eau aux fleurs etc. Jhon a obtenu un de ces petit jobs, mais au lieu de faire le travail, il restait assis des heures au pied de la tombe de Liseth, tous les matins, avant d’aller au collège. Luzmila, qui dirigeait alors le collège s’en est rendu compte par hasard, en le voyant là-bas lors d’un enterrement. En discutant avec une institutrice qui travaille auprès de ces enfants du cimetière, elles ont progressivement réussi à le faire sortir de ce cimetière et de son obsession morbide. Aujourd’hui, Jhon a terminé le collège, je crois qu’il travaille. Ses parents ont vendu la maison qu’ils avaient construite aux Olivos pour aller s’installer plus haut dans l’invasion. Ils ne supportaient pas le souvenir. Ils ont inscrit la plus petite au collège. Le papa a arrêté de boire, et ne frappe plus ses enfants...

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 22:12

P7060263CA A ETE COMPLIQUE, pour mille raisons... Parce qu’on ne m’a pas laissé faire l’atelier spontané que je voulais faire sur la place publique (le programme Kusi Ayllu voulait que je ramène les jeunes dans leur local, qui n’est pas adapté), parce que le groupe de jeunes dont on m’avait parlé avant ma venue n’existe pas en réalité, et puis surtout parce que les gens ici sont incapables de dire « non », et s’engagent à faire des choses qu’ils n’ont pas l’intention de faire, mais ne te le disent jamais, même quand tu les en supplie et leur explique que tu seras plus fâchée s’ils ne viennent pas alors qu’ils t’ont dit qu’ils viendraient au lieu de te dire simplement qu’ils ne peuvent pas ou ne veulent pas venir ce qui n’est pas un problème.... Ah, ils m’ont rendue dingue. Aucun sens de la parole donnée, on me dit ici que c’est culurel. M’enfin dans la devise quechua il y a tout de même « Ama llulla », Ne mens pas !!!!

 

Conclusion : ici (zone rurale), mieux vaut aller au devant des gens là où ils sont, là où ils travaillent que d’envisager de monter un atelier avec des horaires et un lieu où il faut qu’ils viennent exprès. Ce qui m’a vraiment énervée c’est que c’est précisément ce que j’aurais voulu faire ! Je crois que je ne suis pas prête de repartir dans le cadre d’un programme piloté par des péruviens venant de la ville avec tous leurs préjugés racistes tellement profondément ancrés qu’ils ne s’en rendent même plus compte (Ahhhh les beaux discours sur le respect et les droits de l’homme quand on traite comme des esclaves des personnes du coin sous prétexte qu’un jour ils bénéficieront des résultats d’un programme pour la réalisation duquel on est soi-même grassement payé...) et qui appliquent dans des zones rurales des modes de fonctionnement citadins complètement inappropriés.P7150041.JPG

 

Bref. Sur quatre semaines que j’ai passées à les attendre chaque après-midi, je crois qu’au total j’ai vu des jeunes 6 fois, et presque jamais les mêmes.

Soit, dépatouillons-nous...

 

Il a été question un moment de faire un spectacle sur les mythes et épisodes historiques propres à Pampa et au district des Morochucos. A cause des problèmes causés par la grande gueule dont je vous ai parlé, on n’a pas pu creuser.

 

Ensuite, nous avions évoqué la possibilité de représenter des itinéraires, ceux des personnes que l’on peut croiser à Pampa :

-          celui qui a dû partir sous la contrainte (pour fuir le terrorisme)

-          celui qui est parti en ville, à Ayacucho, à Lima, par choix

-          celui qui revient et choisit de rester

-          celui qui revient mais ne trouve plus ses repères et ne sait pas s’il doit repartir ou rester

-          celui qui est resté, faute de pouvoir partir

-          celui qui a toujours vécu là, et qui s’en contente. Qui est heureux ? Mine dubitative de tous. Qui s’en contente, parce que c’est comme ca.

Programme ambitieux, pour lequel nous aurions eu besoin de plusieurs séances de travail...

 

P7150045.JPGAu final, comme nous n’avons eu que 2 après-midi de « vrai » travail, nous nous sommes contentés de représenter la chanson quechua Chankil Mayu, emblématique du district des Morochucos, et qui évoque un épisode historique que les plus jeunes ne connaissent pas toujours.

 

Nous avons fabriqué des ombres en noir et blanc et en couleur, certaines en fil de fer, d’autres en carton :

-          le fleuve Chankil, qui descend des montagnes, le soleil qui se lève sur les montagnes

-          des chevaux (outil de travail et emblème des morochucos) caracolant sur les sommets

-          un (très beau) visage de jeune fille en fil de fer (j’ai trouvé le Calder andin ! comme quoi, il y avait du potentiel...), qui pleure des larmes qui viennent remplir le fleuve (« Warmayanachaypa winqinmayu » dit la chanson).

-          une rue de Pampa avec ses chozas et ses toits de paille ou de tôle (calamina), des décorations, la population venue pour acclamer le président Manuel Prado, représenté avec a veste et ses bottes de cuir, et un grand drapeau péruvien

-          le clou du spectacle : l’envol de l’avion de Manuel Prado (avion de guerras), un super biplan oú l’on distinguait le pilote, avec effet spécial (fil de pêche et réseau de clous) lui permettant de traverser l’écran comme un dessin animé, gros succès.

-          Coucher de soleil sur le rio Chankil et nuit étoilée (ici, elle est proprement hallucinante. L’une de leurs constellations favorite est la Croix du Sud, alors on a fait la Croix du Sud dans la Voie Lactée).

(voir la vidéo)

 

Le jeudi 21 juillet, après avoir recouvert de couvertures les fenêtres et le toit (tôle translucide) de l’auditorium de la paroisse avec l’aide d’Alfredo (sans lui, sa curiosité, son enthousiasme, son aide et sa confiance, je n’aurais pas tenu le coup, ceux du programme n’ont servi qu’à créer des difficultés et n’ont jamais donné un coup de main), après une répétition à l’arrache, où l’on a dû remplacer les jeunes qui avaient promis de venir pour chanter – et qui évidemment n’étaient pas là, mais cette fois-ci je m’y attendais, à force on s’y fait – par une bande de gamins de l’école primaire super motivés, on a donné notre représentation, devant quelques pampinos et plus de 150 gamins venus de toutes les communautés des alentours pour une séance de cathéchèse organisée par une pauvre religieuse qui s’est vu confisquer la salle qu’elle avait réservée depuis 2 mois par un spectacle qui n’avait rien à voir avec la thématique de sa journée... (bé oui, les gens du programme n’avaient pas jugé utile de vérifier la disponibilité de la salle... Arrrrrrrrhhhgg...)

 

Enfin. On respire un bon coup et on tâche de passer un bon moment.

Des élèves de primaire présentent deux numéros : le bon samaritain, et la pierre sur le chemin. Ils sont super touchants, jouent en espagnol et en quechua, à fond dans leur histoire, qu’ils jouent un paysan, une pierre ou le derrière d’un cheval... Ils gèrent admirablement les imprévus (oubli d’un accessoire ? qu’à cela ne tienne, un des gamins improvise un truc pour l’apporter).

Puis leur maîtresse leur fait entonner l’hymne péruvien en quechua. Je l’ai enregistré... mais ai oublié un jour de mettre la sécurité sur mon enregistreur, et j’ai perdu toutes les chansons et tous les témoignages en quechua que j’avais récoltés...

 

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Les coulisses du théatre d'ombres á Pampa.

 

Puis c’est notre tour. On fait le noir, les gens ici ne sont pas habitués et sont un peu mal à l’aise, mais apparemment c’est allé mieux une fois qu’on a commencé.

A l’arrière du castelet, nous sommes trois. José, un grand ado, Andy, un gamin d’une dizaine d’années qui venait me dire bonjour tous les jours, et moi, en chapeau, lliklla et pollera, tenue qui complique un peu la manipulation. A l’avant du castelet, nos 2 guitaristes et notre bande de chanteurs et chanteuses chantant horriblement faux mais de tout leur coeur.

La manipulation se passe bien, Andy et José sont super concentrés, c’est chouette à voir. A la fin ils sont vraiment contents. Le public aussi. On sort du castelet, on salue tous ensemble, et on reprend la chanson avec le public, ici tout le monde la connaît par coeur. C’est chouette d’entonner une chanson avec près de 200 personnes.

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Aprés le spectacle, on reprend tous en choeur Chankil Mayu... La nénette en pollera, c'est moi !

 

Alfredo vient me voir à la fin, et me dit que même si ca a été compliqué, ca valait vraiment la peine, que c’était beau.

Oui, ca valait la peine. Tâchons d’oublier le reste...

 

P7060261.JPG

Cholo, mon éléve le plus fidéle á Pampa...le seul á avoir été lá tous les jours...

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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 22:47

CHAQUE ANNEE, les 28 et 29 juillet, le Pérou célèbre les Fiestas Patrias (la fête nationale). Villes et villages se couvrent de rouge et blanc, les élèves des collèges, les militaires défilent sur les plazas de armas, toutes les maisons arborent le drapeau péruvien (sous peine d’amende), on chante l’hymne à la moindre occasion, la main sur le coeur (« Somos libres, seamos lo siempre », Nous sommes libres, soyons le toujours ! ; NB : les élèves chantent l’hymne tous les matins en arrivant á l’école) et tous les péruviens portent une cocarde rouge et blanche. La télé diffuse un tas de publicités célébrant la joie et la fierté d’être péruvien, et la richesse de la diversité culturelle du Pérou. Comme la dernière fois, je suis à la fois émue de voir ce déploiement de ferveur patriotique, et fascinée par le contraste entre l’affichage de la revendication du pluriculturalisme et le racisme violent et omniprésent dans ce pays, l’absence de prise en compte de la diversité culturelle et linguistique dans les institutions...

 

Mais cela va peut être changer. Cette année, Fiestas Patrias est aussi l’occasion de l’investiture du nouveau président, Ollantay Humala Tasso, élu le 5 juin dernier. Ce dernier est originaire du Sud d’Ayacucho (comme son épouse), il parle quechua, et est le seul candidat à avoir introduit clairement dans sa campagne électorale et lors de ses derniers discours la question de la diversité culturelle et linguistique du Pérou. Il vient justement d’aborder le thème pendant son discours d’investiture.

 

Pendant que je prépare cet article, je suis justement en train de regarder à la télé la passation de pouvoir d’Alán García à Ollanta Humala.

La plaupart des présidents d’Amérique Latine ont fait le déplacement : Rafael Correa (Equateur), Evo Morales (Bolivie), le prince de Borbón (fils du roi d’Espagne), Cristina Fernandez Kircher (Argentine), Vilma Rusef (Brésil), Uruguay, Colombie, etc.

Chavez, très ami d’Humala, n’a pas pu venir, il est à Cuba pour raisons médicales.

 

Ce nouveau président, les idées que je l’ai entendu défendre, me plaisent. Mais la cérémonie que je suis en train de voir au congrès est assez hallucinante. D’une part, Humala et les 2 vice-présidents (une femme et un homme), ont juré sur la constitution de 1979 et non sur la constitution en vigueur (constitution 1993, établie sous Fujimori, plus autoritaire), ce qui a déclenché des cris dans l’assemblée (de la part des députés Fujimoristes particulièrement, qui ont brandi la constitution), et qui risque de poser problème pour que le serment soit ratifié par l’assemblée... D’autre part, les députés de Gana Perú, son parti, n’arrêtent pas de  crier « Humala presidente » ou « Por nuestra dignidad », ce qui est un peu déplacé maintenant que les élections sont gagnées et qu’Humala doit être le président de tous les péruviens... et entendre les députés hurler ainsi gâche un peu la qualité du discours d’investiture...

Bref, gros bordel. Pourvu que tout se passe bien, qu’ils puissent travailler et réaliser le programme qui a suscité tant d’espérances...

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