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En Bref...

  • : Ismaelita
  • : Ismaelle est une marionnette qui ne parle pas. Elle est née en France, mais son coeur est au Pérou... nous sommes donc parties toutes les deux à la rencontre des enfants d'Ayacucho, au coeur des Andes, où la vie reprend après 20 ans de guerre civile.
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D'ici et d'ailleurs

Paris-Pérou, on commence à construire un pont...

Sur cette page, des souvenirs : ceux du premier (2005) et du second (2011) séjour là-bas, principalement des découvertes de la marionnette Ismaëlle auprès des enfants et des populations quechua d'Ayacucho (Andes Centrales), mais aussi une excursion sur la côte Nord, et en Amazonie, sans oublier Cuzco et la vallée du Vilcanota...

Des projets, aussi, puisque je souhaite retourner  à Ayacucho, avec mes marionnettes. L'objectif de cette année :  m'enfoncer un peu plus dans la sierra, si possible vivre cette période dans une communauté andine, et surtout apprendre le quechua. Les choses se dessinent petit à petit, et c'est souvent en partageant les idées avec les amis d'ici et de là-bas que les ébauches prennent forme. J'ai besoin de conseils.

Et puis un peu d'actualité, puisqu'une des conséquences les plus belles de la construction de ce pont, c'est l'intérêt que les uns et les autres prennent pour el Peru en blanc et rouge. Ces derniers mois ont été l'occasion d'échanges très émouvants, autour des photos, des musiques, des témoignages des enfants. Au bout du compte, de tout cela est en train de naître un projet de spectacle qui prendra forme avec des comédiens et musiciens ici, en France, avant de lancer le pont vers l'autre rive.

 

Amigos peruanos,

Ismaela ya les está extrañando. A lo lejos, sigue caminando con ustedes, esperando el regreso. Aquí, la gente sigue pidiendo noticias de ustedes, y pasamos horas contando las miradas, las sonrisas, los silencios que compartimos. 
Había prometido recetas, cuentos, fotos etc... En esta página poco a poco les van a encontrar. 

Hasta pronto, queridos amigos del otro lado del mundo, y  como lo escriben los niños a Ismaela : “con todo cariño, chauuuuuuuuuu... ”

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Playlist Ismaelita

 

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Kusi Chakakuna

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Bientôt ici des nouvelles de l'association Kusi Chakakuna - Les Ponts de Joie (pour la coopération et les échanges d'artistes et d'artisans avec la population d'Ayacucho), qui prend tournure ! Pour être informé de l'avancée du projet, inscrivez-vous dans la rubrique "Nouvelles / Noticias" (juste au-dessus), et nous vous tiendrons au courant.

Pronto les vamos a dar noticias de la asociacion Kusi Chakakuna - Puentes de Alegria, que estamos creando, para que cooperen artistas y artesanos a la vida en las comunidades quechuahablantes de la provincia de Ayacucho (Peru). Para recibirlas, dejen su correo en el cuadro "Nouvelles / Noticias" (encima de esto), se las mandaremos.

Hasta pronto !

28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 22:10

JE ME SOUVIENS, gamine, de ce film, de son personnage auquel je pense encore souvent, de ce césar et de son émotion...

Chau, madame Girardot.

 

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16 mars 2008 7 16 /03 /mars /2008 19:30
BESOIN de ressortir ce poème tiré d’un recueil dont certains vers me reviennent souvent en mémoire. Je ne suis pas toujours à l’aise avec les poèmes, et préfère la prose aux rimes qui me donnent souvent une impression d'habits du dimanche. Mais celui-là je sais qu’il m’accompagnera partout.
 
 
Les Yeux d’Elsa
 
Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir se mirer
S’y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire
 
A l’ombre des oiseaux c’est l’océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L’été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n’est jamais bleu comme il l’est sur les blés
 
Les vents chassent en vain les chagrins de l’azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu’une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d’après la pluie
Le verre n’est jamais si bleu qu’à sa brisure
 
Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L’iris troué de noir plus bleu d’être endeuillé
 
Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le cœur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche
 
Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d’un firmament pour des millions d’astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux
 
L’enfant accaparé par les belles images
Ecarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l’averse ouvre des fleurs sauvages
 
Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d’août
 
J’ai retiré ce radium de la pechblende
Et j’ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
O paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes
 
Il advint qu’un beau soir l’univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa
 
 
Louis Aragon, Les Yeux d’Elsa, Seghers, 1942, p. 33-34.
 
 
 
Et quelque part certains yeux multicolores…
 
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8 mars 2008 6 08 /03 /mars /2008 12:24
Massoud-l-Afghan.jpgCHRISTOPHE DE PONFILLY parlait en vibrant d’un Afghanistan dont il était profondément amoureux, pris par une de ces passions brûlantes dont on s’embrase parfois pour des terres auxquelles on n’appartient pas mais vers lesquelles on revient toujours… Je connaissais très mal l’histoire de ce pays, mais je viens de lire avec empathie son témoignage nourri par une vingtaine d’années de reportage dans ces montagnes-là, auprès de Massoud. Pour rejoindre les combattants, le journaliste devait marcher plusieurs semaines pour franchir des cols à plus de 5.000 m. d’altitude.
 
Plusieurs pages m’ont marquée, mais j’en retiens une particulièrement.
1997, Massoud et les habitants du Panshir préparent une offensive contre les taliban soutenus par les Pakistanais :
 
« Dans le bureau, peu de monde, seulement quelques commandants réunis pour une réunion à juste titre appelée « restreinte ». Ils attendent un appel téléphonique de leur correspondant à Mazar afin de savoir où en est la constitution du gouvernement. Ce rêve en marche dont nous a parlé Quanony. Mais le satellite tourne au-dessus de nos têtes et ne transmet rien. Le temps passe en allées et venues de messagers pour des affaires d’intendance. Puis je filme Massoud qui prend un exemplaire du bulletin édité chaque semaine par l’ingénieur Is’Haq et son équipe de journalistes.
-         Il y a un poème dans notre journal. Quelqu’un l’a-t-il lu ? demande Massoud à la cantonade.
Les commandants présents s’emparent d’un exemplaire et plongent le nez dedans avec application. La scène est drôle ! On dirait de mauvais élèves pris en défaut.
-         « Le Verre brisé », dit Massoud. C’est le titre de ce poème. Personnellement, je l’ai lu deux fois pour le commandant. Le voici : « Il fait nuit, nos regards ont les yeux de ceux qui attendent… » Vous comprenez ?
Les hommes dodelinent de la tête, mi-affirmation, mi-négation, de peur de se faire engueuler. De vrais lèche-bottes !
-         Toi, le mollah, dit Massoud avec un grand sourire, c’est trop dur pour toi ! Puis il reprend : « Il fait nuit, nos regards ont les yeux de ceux qui attendent… Dans la nuit les étoiles scintillent çà et là… » Tu comprends ? demande Massoud à un commandant.
-         Oui, quand on regarde le ciel, on y voit plein d’étoiles.
-         Non ! qu’est-ce que cela veut dire ?
« Dans la nuit, les étoiles scintillent çà et là…
« Trempé des larmes de peine et de souffrances…
« Mon lit se trouve comme posé sur des flammes…
« Arrosé du courage un rien devient perle
« S’il atteint le courant de ma volonté.
« A l’image du jardin à l’approche du printemps. »
Dans le bureau, personne n’ose lever la tête d’un texte qui laisse les esprits imperméables. Aussi Massoud se met-il à en commenter la substance pendant que je continue à le filmer.
-         Un rien insignifiant, vous savez, une perle, une goutte de pluie qui n’était rien, quand elle tombe sur une perle, la goutte devient perle. C’est pareil pour le courage. Mon courage est une perle. Un rien rejoint mon courage et devient perle. Ça veut dire que je suis un homme si courageux que tous ces problèmes et ces souffrances ne peuvent m’atteindre : « A l’image d’un jardin à l’approche du printemps ».
Massoud pose le journal sur la table.
-         Ce jeune poète a beaucoup de talent. Il habite Rokha et deviendra sans doute un grand poète de l’Afghanistan. Si jeune ! Il a des inventions lumineuses et de belles manières de les mettre en forme. »
 
Christophe de PONFILLY, 
Massoud l’Afghan, Paris, Issy-les-Moulineaux, Editions du Félin / Arte Editions, 1998, 
réed. 2001, p. 111-112.
 
 
Leçon de poésie au beau milieu de la guerre… Y avait-il en Occident des hommes encore capables de comprendre celui-là ?
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28 octobre 2007 7 28 /10 /octobre /2007 15:45
Chamoiseau-Antan.jpgCHAMOISEAU, "OISEAU DE CHAM", m'hypnotise. Je savoure physiquement chacun de ses mots.
Certainement que ses pages qui m'ont le plus fait vibrer sont celles de Solibo magnifique. Je n'ai plus ce livre, il fallait absolument que je le fasse découvrir à mon âme. Alors en attendant que je le retrouve (Solibo), voici un extrait de son récit de mémoire :

"La chaleur livrait le négrillon aux moustiques de la nuit : il ne pouvait se couvrir. Sous peine de grattelles et d’insomnies exsangues, il devait les faucher au vol, d’une main vive comme l’ombre d’un serpent jaune. Informé du moindre atterrissage sur sa peau, un sens spécial, développé à force, déclenchait des tapes fatales pour les bestioles, douloureuses pour lui-même, mais qui vengeaient bien des zonzonages narquois au creux de son oreille. Il fallait savoir patienter autant que le moustique, l’attendre-venir, l’entendre-venir, supputer sa venue, puis happer le noir et le frisson d’une aile. Parfois, ils étaient vingt-douze mille. Le négrillon se réfugiait alors sous son drap, une étuve cousine des enfers et inutile : certains moustiques bien équipés transperçaient la toile fine. Quand il sut les moustiques apeurés par le vent, il se découpa une série de cartons dans des boîtes de chaussures italiennes, et,dès la tombée de la nuit, s’en éventait sans un répit, brassant l’air tout bonnement. Les minuscules vampires gardaient le large, trahis par leur propre légèreté. Belle victoire, mais il dut apprendre à dormir en continuant à s’éventer. Il est possible qu’il y parvint, mais nul n’en témoigna jamais."
 
Patrick Chamoiseau, « Antan d’enfance », Une enfance créole, vol. I, Paris, Hatier, 1990 ; Folio Théâtre, p. 49.
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